INSURRECTIONS, musique électroacoustique 16 pistes en six parties (2022)
Réalisation au studio du compositeur. Mise en ligne sur
Bandcamp.com le 25/12/2020.
1-Prologue (8’51) 2-Obsessions (8.37) 3-Altitude (5’13) 4-Lévitations (6’29) 5-Contrepoint-nuit (8’19)
6-Epilogue (6’38).
Depuis quelques années, je conçois mes pièces sous forme de playlists. Souvenirs lointains des arches et des suites (5ème quatuor de Bartòk, « Suite Lyrique » d’Alban Berg), voire des mosaïques de la musique électroacoustique (« Grande Polyphonie » de François Bayle).
Le modèle de la playlist était déjà à l’oeuvre dans « Gamut » (2015), « Acousmacides » (2016-17), « Autobiographie des OS » (1979-2019) et « Nouvelles Vagues » (2020-21). Une histoire déjà de longue date, et qui me fascine par ses multiples possibilités d’ordre aléatoire ou d’ordre déterminé que l’inventaire qui suit suggère.
Les « Insurrections » sont élaborées comme un environnement spatial à 16 pistes, de type Dôme. Ce sont six sessions ProTools, comportant 8 bus stéréophoniques (nommés Dom 1 à 8), attaquant un dispositif de spatialisation avec 8 haut-parleurs au sol encerclant les auditeurs, et 8 haut-parleurs en voûte les surplombant.
Un Prologue (1) et un Epilogue (6), totalement électroniques, encadrent quatre paysages musicaux composés selon des techniques audio-numériques. En clair, une opposition entre des matériaux issus de l’environnement Pure Data (1/6) confrontés à divers états de manipulations, réalisées, vers 1991, à l’aide du processeur en temps réel Syter de l’INA-GRM (2 à 5).
Le Prologue et l’Epilogue procèdent par synthèse additive, cluster troué dans sa densité (1) ou tout en reflets irisés (6), en hommage à la dernière composition électronique de Karlheinz Stockhausen, puisqu’on pourrait deviner, en arrière-plan, dans l’addition des fréquences pures de ces deux mouvements, les échelles de Cosmic Pulses (2006-07), échelles que j’emploie systématiquement maintenant.
Obsessions (2) et Lévitations (4) poursuivent à leurs façons divers états de dégradations d’une plage audio de 30 secondes, où l’on entend le Nouvel Orchestre Philharmonique qui « se chauffe » en avant-concert, enregistrement qui m’avait été offert par Madeleine Sola, ingénieure du son à Radio-France. Comme je travaillais par de multiples petites variations différenciées, j’ai pu ré-écrire, au jour d’aujourd’hui, une multiphonie à la manière des fractales où apparaissent des motifs similaires, conçus comme accumulations de hauteurs de plus en plus fines couplées à des étirements temporels légèrement marqués.
Contrepoint-nuit (5) suit le même principe, mais là en exploitant les potentialités d’une phrase de trompette à anche, avec, comme embouchure, un bec de saxophone soprano (lutherie inventée par le trompettiste Bernard Vitet). Pour finir, Altitude (3) est un mouvement hybride, associant synthèse additive (mais ici rétrogradée du Prologue) et appels presque à nu de trompettes à anches.
Un mot sur le titre : « Insurrections », car les printemps arabes, les samedis des gilets jaunes, la révolution orange en Ukraine, et les révoltes au Belarus, au Myanmar … sont autant d’empreintes qui ont donné à cette composition son impulsion. Temps sans pitié.
PR